- octobre 8, 2025
- Envoyé par : marcbernard
- Catégorie: Astuces

Démystifier l’outil de pilotage N°1
Le plan de trésorerie prévisionnel. Ces quelques mots peuvent susciter de l’appréhension chez de nombreux dirigeants. On l’imagine complexe, réservé aux experts-comptables ou aux magiciens des chiffres. La réalité est tout autre. Construire un plan de trésorerie est une compétence fondamentale, accessible et absolument indispensable pour quiconque dirige une entreprise, quelle que soit sa taille.
C’est votre GPS financier. Sans lui, vous conduisez dans le brouillard, en espérant ne pas tomber dans un ravin. Avec lui, vous anticipez les virages, les montées et les descentes, et vous pouvez adapter votre conduite pour arriver à destination en toute sécurité. Il ne s’agit pas de prédire l’avenir avec une certitude absolue, mais de créer une feuille de route réaliste pour prendre des décisions éclairées.
Ce guide a pour vocation de vous prendre par la main et de décomposer la construction d’un plan de trésorerie en étapes simples, logiques et actionnables. Oubliez le jargon complexe. Nous allons parler le langage du dirigeant, avec un objectif : vous rendre autonome et confiant dans la création de cet outil de pilotage essentiel.
Cette approche pratique et démystifiée sera au cœur de notre session de travail à l’atelier Croissance Club du 9 octobre à Lannion de 9h30 à 17h30. L’objectif est que vous repartiez non seulement avec la méthode, mais aussi avec les bases de votre propre prévisionnel.
1 : L’étape de préparation – Les fondations de votre plan
Le principe “Garbage In, Garbage Out” (des données médiocres en entrée donnent des résultats médiocres en sortie) s’applique parfaitement ici. Une bonne préparation est la clé d’un prévisionnel fiable.
- Choisir le bon outil
- Le tableur (Excel, Google Sheets) : C’est l’outil le plus courant, le plus flexible et souvent suffisant pour démarrer. Il demande de la rigueur pour construire les formules, mais vous en avez le contrôle total. De nombreux modèles gratuits existent en ligne.
- Les logiciels de gestion de trésorerie : Des outils comme Agicap, Pennylane ou Cegid Trésorerie peuvent automatiser une grande partie du processus en se connectant à vos comptes bancaires et à votre logiciel de facturation. Ils sont plus coûteux mais offrent un gain de temps et des fonctionnalités d’analyse avancées.
- Notre conseil : Commencez avec un tableur. Maîtriser la logique manuellement est le meilleur moyen de comprendre en profondeur les mécanismes de votre trésorerie.
- Définir le cadre
- L’horizon : La norme est une prévision glissante sur 12 mois. Cela permet d’anticiper les cycles et la saisonnalité.
- La granularité : Une vue mensuelle est le standard. Pour les entreprises en forte tension, une vue hebdomadaire peut être nécessaire.
- La structure : Votre tableau doit comporter, au minimum, les lignes suivantes :
- Solde de trésorerie de début de mois
- Total des Encaissements (avec le détail en sous-lignes)
- Total des Décaissements (avec le détail en sous-lignes)
- Solde du mois (Total Encaissements – Total Décaissements)
- Solde de trésorerie de fin de mois (Solde début + Solde du mois)
- Rassembler les documents sources Préparez-vous en réunissant :
- Vos 3 derniers relevés bancaires pour identifier les flux récurrents.
- Votre balance âgée clients (qui doit quoi et depuis quand ?).
- Votre échéancier fournisseurs.
- Vos tableaux d’amortissement de prêts.
- Vos derniers bulletins de paie et déclarations de charges sociales.
- Votre calendrier fiscal (dates de paiement de la TVA, IS, CFE, etc.).
- Votre pipeline commercial et vos objectifs de vente.
2 : L’art de prévoir les encaissements (les flux entrants)
C’est la partie la plus délicate car elle dépend de facteurs externes, notamment le comportement de vos clients. La clé est le réalisme, pas l’optimisme.
- Le chiffre d’affaires (TTC !) Ne vous contentez pas de reporter vos objectifs de vente. Vous devez traduire un chiffre d’affaires “engagé” en un chiffre d’affaires “encaissé”.
- Délais de paiement : Analysez votre historique. Si vos clients paient en moyenne à 45 jours, une facture émise en janvier ne sera pas encaissée avant la mi-mars. Votre prévisionnel doit refléter ce décalage.
- Saisonnalité : Votre activité est-elle plus forte en été ? Plus calme en fin d’année ? Intégrez ces variations.
- TVA : N’oubliez jamais de raisonner en TTC (Toutes Taxes Comprises). Vous facturez la TVA à vos clients, vous l’encaissez, puis vous la reversez à l’État. C’est un flux de trésorerie majeur.
- Les autres encaissements Pensez à tout ce qui peut faire rentrer de l’argent :
- Apports en capital ou en compte courant d’associé : Si vous prévoyez d’injecter de l’argent, positionnez-le sur le bon mois.
- Obtention de prêts : C’est le montant du déblocage du prêt qui compte, pas le montant accordé.
- Remboursements de crédit de TVA : Si vous en avez régulièrement, estimez la date de réception.
- Subventions : Attention, inscrivez-les au mois où vous pensez réellement les recevoir, ce qui peut être bien après la notification d’accord.
Conseil de pro : Préparez trois scénarios pour vos encaissements : un pessimiste (que se passe-t-il si je perds mon plus gros client ?), un réaliste (basé sur l’historique et le pipeline actuel) et un optimiste. Cela vous donnera une fourchette de manœuvre.
3 : La rigueur de prévoir les décaissements (les flux sortants)
Cette partie est plus simple car elle dépend majoritairement de vos décisions internes. Elle exige surtout de la discipline pour ne rien oublier.
- Les achats et frais externes
- Achats liés à la production (variables) : Liez-les à votre prévision de chiffre d’affaires. Si vous prévoyez de vendre plus, vous achèterez plus de matières premières. Tenez compte de vos délais de paiement fournisseurs.
- Frais généraux (fixes) : C’est la partie la plus simple. Listez tout, sans exception :
- Loyer et charges locatives
- Assurances
- Honoraires (expert-comptable, avocat…)
- Abonnements (téléphone, internet, logiciels…)
- Énergie (électricité, gaz, eau)
- Entretien, fournitures de bureau…
- La masse salariale
- Salaires nets : Ils sont généralement payés à date fixe en fin de mois.
- Charges sociales (salariales et patronales) : Elles sont payées à une date différente (souvent le 5, le 15 ou le 25 du mois suivant). Référez-vous à votre calendrier social. N’oubliez pas les charges des dirigeants (TNS).
- Les impôts et taxes C’est un poste souvent sous-estimé et source de mauvaises surprises.
- TVA à décaisser : La TVA que vous collectez n’est pas votre argent. Vous devez la reverser. La date dépend de votre régime (mensuel ou trimestriel).
- Impôt sur les Sociétés (IS) : Payé en 4 acomptes au cours de l’année, avec une régularisation l’année suivante.
- Autres taxes : CFE, CVAE, taxes sur les véhicules, etc.
- Les remboursements financiers
- Échéances de prêts : Reportez simplement le montant total de l’échéance (capital + intérêts) à la date de prélèvement.
- Remboursements en compte courant d’associé.
- Les investissements Si vous prévoyez d’acheter une machine, un véhicule ou du matériel informatique, positionnez la sortie de cash au moment du paiement effectif.
4 : L’analyse – Faire parler les chiffres
Une fois votre tableau rempli, le vrai travail commence.
- Calculez le solde mensuel et le solde cumulé. Le solde cumulé est le plus important. Il vous montre la trajectoire de votre trésorerie.
- Identifiez le “point bas” de trésorerie. Quel est le mois où votre solde sera le plus faible ? C’est votre point de danger. Votre objectif est de vous assurer que ce point bas reste au-dessus de zéro (et idéalement au-dessus d’un seuil de sécurité que vous vous êtes fixé).
- Analysez la sensibilité. Utilisez vos scénarios (pessimiste, optimiste). Que se passe-t-il si votre plus gros client retarde son paiement de 30 jours ? Votre plan doit pouvoir résister à ce genre de chocs.
- Décidez des actions. Si vous voyez un solde négatif poindre à l’horizon, c’est maintenant qu’il faut agir. C’est là que votre plan de trésorerie nourrit votre plan d’action.
Une compétence, pas une corvée
Construire et maintenir un plan de trésorerie n’est pas une tâche administrative rébarbative. C’est l’acte de gestion le plus fondamental pour un dirigeant. C’est prendre les commandes de son entreprise. Au début, cela peut sembler fastidieux, mais avec la pratique, cela devient une seconde nature, une routine de pilotage saine et rassurante.
Ne vous laissez pas intimider. Lancez-vous. Ouvrez une feuille de calcul et commencez à lister. L’atelier Croissance Club du 9 octobre à Lannion est l’occasion parfaite pour être guidé dans cette démarche. Nous y travaillerons de manière concrète pour que vous puissiez poser les fondations solides de votre propre prévisionnel.